William Thaw
Thaw est né à Pittsburg le 12 août 1893. Son père Benjamin, un riche homme d'affaires. Sa mère Elma, riche héritière et collectionneuse d'arts réputée. Il entre à l'Université de Yale en 1911 mais la quitte deux ans plus tard uniquement intéressé par l'aviation naissante. Il apprend à piloter à l'école Curtiss d'Hammondsport. En octobre 1913, il devient membre de l'Aéroclub d'Amérique mais sans avoir obtenu sa licence de pilote. pour la petite histoire, avec l'argent que lui donnait son père, il achète un canot automobile Fiat avec lequel il transportait ses camarades de la maison où ils habitaient au terrain d'aviation. Toujours avec l'aide de son père, il achète un hydravion Curtiss modèle E qu'il fait livrer à Beachmond, Newport, Rhode Island, la résidence d'été de la famille, une vaste maison à colonnades que sa mère avait baptisée "le cottage". Le jeune Thaw donne le baptême de l'air à toute la haute société de Newport qu'il promène au dessus de la Baie de Narragansett. Son ami de l'école de pilotage, Stephen MacGordon, le rejoint. Ensemble, ils transportent des passagers de Newport à New-York en moins de quatre heures. Ils font la Une des journaux en s'amusant à passer sous les quatre ponts de l'East River avant de faire des cercles autour de la statue de la Liberté. Ils réussissent également une grande première en larguant un paquet de journaux sur le pont d'un bateau de ligne allemand, l'Imperator à son entrée dans le port de New-York. Ils participent à des courses, comme le Round-Manhattan Race, avant de partir pour le chaud climat de Palm Beach en novembre 1913. Là, MacGordon achète un hydravion avec lequel ils donnent des baptêmes de l'air pour 20$. Ils établissent aussi une ligne transportant des voyageurs de l'autre côté du lac Worth. Au Printemps 1914, Thaw et MacGordon partent pour l'Angleterre où ils achètent un monoplan Deperdussin pour participer au Trophée Schneider qui doit avoir lieu à Monaco. Ils annulent leur participation quand Thaw constate que leur avion ne peut pas prétendre gagner. Thaw, que son jeune frère Alexander Blair a rejoint, et MacGordon se rendent alors à Paris pour participer avec leur hydravion Curtiss R de 100 chevaux à la compétition " La sécurité en aéroplane". Blair Thaw a inventé un stabilisateur automatique, et ils espèrent bien obtenir une partie du prix de 100.000 $ offert par le gouvernement français. Avant la compétition, Thaw en profite pour obtenir son brevet de pilote d'hydravion, licence n°2, auprès de l'Aéroclub de France. Puis il part avec son avion pour la Côte d'Azur où il séjourne à Juan les Pins et dans les autres lieux de villégiature célèbre de la Côte, ce qui lui vaudra le surnom de "Playboy de la Rivera". Lorsqu'il revient à Paris, le début de la guerre entre la France et l'Allemagne fait que la compétition est annulée. Thaw et MacGordon se mettent à la disposition du Service Aéronautique, mais sans succès car la France dispose de plus de pilotes qu'elle ne possède d'avions. Ils offrent leur hydravion au Gouvernement français et, répondant à l'appel de Blaise Cendrars, qui incitent les jeunes étrangers résidant en France à s'engager pour combattre, ils marchent avec 41 autres américains sur les Invalides où ils s'engagent dans la Légion Etrangère comme simples fantassins. Thaw reçoit le matricule n° 5.503. Après quatre semaines de classe à Rouen et Toulouse, Thaw et ses compatriotes partent pour le front en wagons à bestiaux. Thaw est tout d'abord affecté dans le secteur du Chemin des Dames où il a la périlleuse mission d'être éclaireur pour sa section, ce qui veut dire qu'il part en avant pour vérifier la position des troupes ennemies, revient rendre compte puis repart et ainsi de suite. Son ami Bert Hall raconte que "ses pauvres pieds enflent comme des saucisses". Thaw sait qu'il ne pourra pas endurer une telle vie pendant des lustres. Mais il désire toujours faire partie des forces aériennes et, dés les premiers jours d'octobre 1914, il parle à son ami Paul Ayres Rockwell de son désir de former une escadrille de pilotes américains au service de la France. Ceci est important car il est le premier à avoir cette idée qu'on attribue d'habitude à Norman Prince qui en parlera à Frazier Curtis à Marblehead, Massachusetts, mais un mois plus tard. Fin octobre, Thaw est envoyé au repos à l'arrière. Apprenant qu'un aérodrome, où se trouvait stationnée l'escadrille D.6, était à quelque distance, il n'hésite pas à parcourir les 32 kilomètres qui l'en séparent. Il y rencontre le lieutenant Brocard, futur chef des Services de l'Air français, qui lui promet d'intervenir pour sa mutation dans l'aviation ainsi que celle de ses amis Bert Hall et James Bach. Ces derniers ayant reçu leur mutation avant lui, il refait les 32 kilomètres pour s'entendre dire que "c'est en bonne voie" et il obtient enfin satisfaction le 24 décembre 1914. Quatre jours plus tard, il part pour l'école de pilotage de Pau. Avant de quitter ses camarades légionnaires, il assure à Kiffin Rockwell et à Charles Trinkard qu'il se battra pour obtenir leur transfert dans l'aviation. Après Pau, il rejoint l'Escadrille D.6 où il apparaît sur les rôles comme soldat-mitrailleur, devenant ainsi le premier américain à servir au front dans une escadrille française. Jusqu'au 1er février 1915, armé d'un pistolet et d'une carabine, Thaw, dans un biplan Deperdussin, va faire des vols de reconnaissance au dessus du territoire allemand en tant que "tireur-observateur". Les autorités finissant par admettre qu'il est un pilote qualifié, il est envoyé à l'Ecole de l'Air de Saint-Cyr. Il y reçoit le 15 mars son brevet militaire de pilote n° 714 sur Caudron G.2, devenant ainsi le premier pilote américain à obtenir sa licence. Il reçoit un court complément de formation à Buc avant d'être affecté à la C.42 Le 26 mars. Six jours auparavant, il est tombé sur Norman Prince à Paris. Il était là pour plaider la cause de ses amis toujours dans les tranchées, Rockwell et Victor Chapman. De son côté, Prince se trouvait à Paris depuis janvier 1915 pour promouvoir, avec l'aide des amis influents de sa riche famille, son concept d'escadrille composée uniquement de pilotes américains. Thaw avait la même idée et bien qu'ils n'unirent pas leurs efforts, ils constatèrent la similitude de leur projet. Thaw se distingue comme pilote à Luneville et Nancy. Il est nommé sergent le 18 mai et est cité et décoré de la Croix de Guerre avec palmes à trois occasions. Pendant ce temps, Norman Prince avait terminé sa formation et rejoint le front affecté à l'escadrille V.B 108 le 20 mai. Un autre américain, Elliot Christopher Cowdin, sert dans la même unité. Chacun de leur côté, Thaw et Prince profitait de chaque permission pour presser leurs relations d'obtenir la création d'une escadrille américaine. En décembre 1915, ils obtiennent, ainsi qu'Elliot Cowdin, une permission de 30 jours pour Noël. Ils partent tous trois pour les Etats-Unis sur le Rotterdam et décident d'unir leurs efforts à l'occasion de cette traversée. Dès leur arrivée à New-York, les journalistes sont sur leurs talons. Nos trois pilotes rechignent à leur donner des détails précis mais les reporters les persuadent de jouer le jeu et font d'eux des héros pour satisfaire leur public. Cette gloire déclenche la colère des neutralistes et des pro-allemands qui demandent l'arrestation de ces trois américains qui violent la neutralité des Etats-Unis. L'Ambassadeur allemand aux Etats-Unis, le Comte de Bernstorff, avertit Thaw, qu'il rencontre chez le coiffeur, qu'il ferait mieux de rester aux Etats-Unis ainsi que ses deux camarades. Thaw se moque des menaces à peine voilées de l'ambassadeur et quitte l'établissement. Après huit jours passés aux Etats-Unis, nos amis, auxquels s'est joint le frère de Norman Prince, Frederick, rejoignent leurs unités. L'accueil chaleureux et favorable reçu par les jeunes américains et largement commenté par la presse, n'a pas échappé au gouvernement français. Il y voit la possibilité d'y trouver un allié grâce à ce potentiel formidable de propagande qui ne pourrait que s'amplifier entre les deux nations par la création d'une escadrille composée uniquement de pilotes américains. A leur retour, Thaw, Prince et Cowdin constatent que leur projet a le vent en poupe. L'ami de Thaw, le lieutenant Brocard, a quitté sa bonne vieille escadrille de Deperdussin pour une position d'influence à Paris, que Thaw peut exploiter. Le Docteur Edmund Gros, qui dirige l'American Ambulance Service et Jarousse de Sillac, Sous-secrétaire d'Etat aux Affaires Etrangères, créent un comité franco-américain pour soutenir et promouvoir le projet des américains. A son retour en France, Thaw a repris du service dans son unité, la C.42, et ce jusqu'au 29 janvier 1916. Après cette date, il revient à Paris où il habite chez sa soeur qui occupe un appartement que possède leur mère, 148 rue de Longchamp, et qui devient bientôt le rendez-vous de toute la bande de copains, Chapman, Cowdin, Prince et Hall. Pendant ce séjour, Thaw profite de chaque instant de liberté pour défendre son idée auprès des autorités aéronautiques, en particulier auprès du Colonel Barres, Chef de l'Aviation dans la Zone des Armées qui finit par être convaincu de l'intérêt de la création d'une telle escadrille et d'en confier le commandement au Capitaine Thénault, l'ancien commandant de la première unité dans laquelle Thaw fut affecté, la C.42. Dans le même temps, à Plessis-Belleville, il suit sa formation de pilote de chasse. Le 14 mars 1916, le Colonel Regnier, directeur de l'Armée de l'air, envoie au comité franco-américain la confirmation qu'une escadrille américaine va être organisée. Elle comprendra, pour commencer, 7 pilotes: Thaw, Cowdin, Prince, Chapman, Hall, MacConnell et Rockwell, sous les ordres du Capitaine Thénault. Ces pilotes doivent rejoindre la base de Luxeuil Les Bains dans les Vosges. Le 24 mai 1916, Thaw est le meneur de la patrouille du matin sur la ligne de front au nord de Verdun. Il abat un chasseur Foker E. Il repart en patrouille à 9 heures 30 et butte sur 3 appareils ennemis. Il engage le combat, abat un second Foker avant que sa mitrailleuse ne s'enraye. Il fonce vers nos lignes avec, aux fesses, les deux autres chasseurs qui ouvrent le feu, Thaw reçoit une balle dans l'épaule qui perce son réservoir d'essence qui se vide sur ses pieds et ses jambes. Quand il essaye de couper le contact, il se rend compte que son bras est cassé. Il descend en vol plané entre les lignes alliés près du Fort Travennes et arrive à aplatir son appareil comme une crêpe. Bien qu'affaibli par une importante perte de sang, il se dégage de ses harnais et titube jusqu'à un lieu plus sûr. Les ambulanciers lui enlèvent sa combinaison de vol. L'essence s'est évaporée, brûlant et cloquant toute une partie de son corps. Il est immédiatement évacué sur l'hôpital américain de Neuilly où il sera soigné. Il passe sa convalescence chez sa soeur. Juste promu lieutenant avant son accident, Thaw devient le commandant de fait de tous ces pilotes américains, peu respectueux de la discipline, qui lui vouent une véritable vénération pour ses talents de négociateur avec le stoïque commandement français. Thaw continue de voler et sera crédité de cinq victoires officielles qui lui vaudront, entre autres, la Croix de Guerre avec neuf citations, l'Etoile de Bronze, l'Etoile d'Argent et sept Palmes, et le grade de Chevalier puis d'Officier dans l'ordre de la Légion d'Honneur. Sa principale préoccupation est le bien-être de ses pilotes. Faisant toujours preuve de sang froid, il fait triompher son point de vue d'une voix douce et d'un sourire désarmant, sans rapport avec son imposante stature. Même les pilotes les plus âgés, car Thaw n'a que 21 ans quand il rejoint l'escadrille, respectent son autorité innée. Thaw aime s'amuser. Il est de tous "les pots" et de toutes les parties de cartes. S'il ne se passait rien, il prenait l'initiative. Il ne se préoccupait pas de ce que les autres pilotes pouvaient boire ou faire dès qu'ils étaient à leur poste pour remplir leur mission. Il savait toujours où trouver quelques jolies filles dans les villages alentour ou une ravissante veuve possédant un château et une cave bien fournie. Dès l'aube, aidé par sa fidèle ordonnance, Percy, un noir de la Nouvelle-Orléans qui avait servi avec lui dans la Légion Etrangère, il rejoignait les hangars, encourageant chaque pilote d'une parole aimable, et prenait la tête de la patrouille du matin. Assister aux Funérailles de ses copains était sa tâche la plus pénible. Onze pilotes disparaîtront parmi lesquels l'officier français de Laage et le Sous-Lieutenant Prince. Mais le plus dur fut l'enterrement de son jeune frère de 19 ans, Alexander Blair, qui commandait l'escadrille d'observation 135, tué dans un crash aérien en se rendant à Orly le 26 janvier 1918. Le 26 janvier 1918, Thaw quitte le Service Aéronautique pour devenir Major dans l'aviation américaine, sur recommandation du Général Pershing qui lui obtient une dérogation car ses carences physiques, vision, ouïe, mobilité, ne devraient plus lui permettre de voler, ce qu'il continuera de faire pour l'exemple. Le 18 février, il prend le commandement de la 103ème escadrille de chasse qu'il quittera le 10 août 1918, laissant sa place à son ami de l'escadrille La Fayette, le désormais Capitaine "Doc" Rockwell. Tous droits résérvés « The Lafayette Flying Corps »: The American Volunteers in the French Air Service in World War One Auteur: Dennis GORDON A SCHIFFER MILITARY HISTORY BOOK - (Schifferbk@aol.com) Traduction: Roger Deshayes
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